Parole animée
ANiMÉE
Alexis cède la parole. C'est rare : profitons en...
Clément
MARTIN
Un long article, signé Clément Martin, pour célébrer André Martin mort il y a 25 ans
Clément Martin est le deuxième fils d’André Martin. Il classe les archives de Geneviève et André Martin depuis 2015 et rédige depuis un an la « Chronologie d’une communication animée » de Geneviève (composition de musiques de films) et d’André Martin. Ce texte a pour objet de décrire précisément le parcours de ces deux créateurs en les illustrant des nombreux documents qu’ils ont laissé et en les inscrivant dans leur époque. Si ce travail traverse avec gourmandise cinq décennies de création, d’arts, de graphismes, de musiques et de technologies, il est encore largement inachevé. Il permet cependant de faire dès à présent de faire une première synthèse du parcours d’André Martin.
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4 Octobre 1994, tous les voyageurs descendent du train
Le 4 octobre 1994, André Martin nous a quitté nous laissant des films d’animations, des courts métrage et plus d’une centaine de textes sur le cinéma, le cinéma d’animation et les « communications sociales ».
Le 25e anniversaire du décès d’André Martin est l’occasion de revenir sur le parcours de ce chercheur et pionnier infatigable et des multiples rencontres qui l’ont influencé.
Les années Bordelaises
André Martin est né à Bordeaux le 31 décembre 1925. Son père était violoniste à l’orchestre de Bordeaux et sa mère a élevé ses quatre enfants.

Le jeune André Martin est très vite passionné par le cinéma. Dès 1942, alors âgé de 17 ans, André Martin organise des projections avec son frère Pierre pour montrer le cinéma et en parler. En 1944 André Martin rencontre Michel Boschet au Lycée J.J. Rousseau. Une grande amitié se crée avec une passion commune : le cinéma d’animation qui les unira pendant 50 ans. Ensemble il écument les ciné-clubs dont l’active fédération française est créée en mars 1945. C’est là qu’ils rencontrent d’autres passionnés comme André Rios, José Piquer, Yves Leménager et bien d’autres. Après un passage au beaux arts, André Martin enchaîne les petits boulots, réalise quelques courts-métrages, participe à des émission radiophoniques et commence à écrire. Son premier article connu publié le 27 Décembre 1947 dans L’action de cette semaine no 78 : « Première Nouvelle et voici l’ère exacte : au 4e top il sera exactement zéro siècle. »
Ce texte humoristique décrivant les périples d’un journaliste hors du temps cherchant à couvrir le scoop de la naissance du Christ est illustré par son ami René Rios.
André Martin réalise également des films d’animation avec ses amis comme “Radio clinique” film publicitaire pour un magasin de réparation de postes de radio réalisé par Michel Boschet ; André Martin ; J. Piquer et René Rios, 1’ – 35 mm

Vers 1948 André rencontre Geneviève de la Vaissière de Lavergne étudiante en musique qu’il épousera en 1950.

Photographie Collection Geneviève et André Martin : Michel Boschet André Martin et Geneviève de la Vaissière à Bordeaux en 1949.
Montée à Paris
Geneviève Martin monte à Paris en 1950 pour continuer ses études de musique. André Martin l’accompagne. Il travaille chez Publicis comme concepteur. André Martin écrit également des livres pour enfants, des scénarios de bandes dessinées illustrées par Michel Boschet aux éditions Fleurus, ainsi que des livrets de devinettes. André Martin et Michel Boschet écument la vingtaine de ciné-club parisiens. AM est vite reconnu comme un des orateurs des débats post-projection. Il y défend l’animation considérée comme un sous-produit dans les ciné-clubs. C’est lors de ces séances que MB et AM font la connaissance de Pierre Barbin. Pierre Barbin anime le ciné-club de Versailles. Il reconnait en André le présentateur idéal pour animer les séances de ciné-club du mardi dans l’un des cinémas Edeline1.
Les Journées du cinéma
Le 5 Janvier 1951 André Martin, Michel Boschet et Pierre Barbin membre de la nouvelle Fédération Centrale des Ciné-Clubs envisage l’organisation de manifestations d’un type nouveau qui allaient devenir les” Journées Du Cinéma”. Il s’agissait d’atteindre ponctuellement l’ensemble du public d’une ville en restituant au Cinéma une couleur et un attrait que des années d’habitudes lui avait fait perdre. Il fallait pour cela un esprit forain et spectaculaire pour captiver un large public.
Les premières expériences se font à Versailles et également à l’aide d’une camionnette qui sert de moyen de projections itinérant. Le cinéma descend dans la rue et touche un public populaire.

Photographie collection Geneviève et André martin : André Martin faisant son boniment devant une camionnette Citroen H1 qui servait à faire des projections ambulantes au milieu du public des villes visitées.- En haut à gauche en costume-cravate : Pierre Barbin.
Le 14 Novembre 1951 l’Association “Les Journées du Cinéma » sont créées par André Martin, Michel Boschet, Pierre et Gisèle Barbin.
La formule est lancée et le même mois à Versailles, des vedettes de l’époque sont membres du Jury du Concours de Vitrine : Serge Reggiani, Pierre Trabaud, Raymond Bussière et Brigitte Aub


Photographies Collection Geneviève et André Martin :
Papier à Entête et pied de page des Journées du Cinéma de Versailles
Novembre 1951 Membres du Jury du Concours de Vitrine : Serge Reggiani, Pierre Trabaud, Raymond Bussière et Brigitte Auber
En Mars 1952 AM cosigne avec Michel Boschet un premier article militant sur le cinéma d’Animation “Dessin animé & Pesanteur” publié dans le no 6 de la revue “l’Age du cinéma ».
La formule des journées du Cinéma rencontre un franc-succès. Les salles de cinéma sont vides car les spectateurs sont à l’extérieur ? qu’à cela ne tienne, les journées du cinéma vont les chercher dans les squares, dans les rues !
Cette confrontation d’oeuvres confidentielles avec le public populaire des “villes de province” suscite l’intérêt. Concours de vitrine chez les commerçants, élection de Miss Cinéma, projections itinérantes, expositions, séances de projections et de présentations spectaculaires dans un “esprit forain” séduisent le public. On projette McLaren à la sortie des usines, Alexandre Nevsky devant des murailles d’époques.
André Martin, Michel Boschet et Pierre Barbin sillonne la France en présentant des courts métrages de prise de vue réelle et d’animation, des longs métrages de jeunes créateurs à découvrir de film en version originale sous-titrée ce qui n’était pas commun à l’époque. Le succès est tel que les”journées arrivent” à Cannes, en 1955.
Alors que le festival de Cannes fête les 60 ans du cinéma (1894) , André Martin, frondeur y programme les pantomimes lumineuses d’Emile Reynaud (1892) , créées deux ans avant l’invention du cinéma ! Ces présentations et l’exposition organisée par Michel Boschet sont un succès.
La même année, en septembre 1955, la même équipe crée le festival international du court-métrage de Tours. Ce festival est organisé par l’Association Française pour la Diffusion du Cinéma en collaboration avec la Préfecture, le Conseil Général d’Indre et Loire et la mairie de Tours.
Notes:
1-André Martin, écrits sur l’animation par Bernard Clarens
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